Cette PME de Saint-Beauzire a imaginé un procédé révolutionnaire pour décomposer et recycler le plastique à l’infini. Une innovation majeure dans le traitement des déchets.
C’est suffisamment rare pour être souligné. La revue scientifique “Nature”, l’une des plus prestigieuses au monde, a publié le 9 avril 2020 un article consacré à une entreprise du territoire : Carbios, installée au sein du biopôle Clermont-Limagne de Saint-Beauzire. Mieux : cet article a fait la grande Une de la revue. Depuis, on parle de cette startup de trente salariés dans le monde entier…
La raison de ce coup de projecteur ? Ce spécialiste de la chimie verte a mis un point un procédé pour décomposer et recycler le plastique à l’infini par voie biologique, via le développement d’une enzyme “gloutonne”. En d’autres termes, cette technologie permet de fabriquer du plastique neuf avec du vieux, faisant entrer ce polluant sans valeur dans une économie totalement circulaire. L’innovation est donc majeure.
« Je suis très fier que Nature ait validé la qualité des travaux des scientifiques de Carbios et du laboratoire Toulouse Biotechnology Institute sur le développement de notre enzyme propriétaire et de ce procédé révolutionnaire de recyclage », se félicite le professeur Alain Marty, directeur scientifique de Carbios.
Cette première mondiale suscite de nombreux espoirs pour la protection de la planète et des océans, ravagés par la pollution des bouteilles, fibres textiles et autres objets en PET (polyéthylène téréphtalate). L’Oréal, Nestlé Waters, PepsiCo et Suntory Beverage & Food Europe, très intéressés par cette découverte, sont d’ailleurs associés au projet. Une usine de démonstration, construite au cœur de la vallée de la chimie lyonnaise à Saint-Fons, devrait réaliser ses premiers essais en 2021. Si tout va bien, le début de la production de ce plastique éco-conçu devrait intervenir à l’horizon 2025…
« Il faudra augmenter la collecte »« Nous allons donner de la valeur à des déchets qui n’en ont pas ou peu. Le système – consommateurs, recycleurs, gouvernements… – va donc être incité à mettre en place des chaînes de collecte spécifiques, parce que nous apportons une solution technologique de recyclage qui n’existait pas auparavant. Il est de temps de se poser des questions sur la fin de vie des plastiques. »
Martin Stephan, directeur général adjoint de Carbios. |