Dans le cadre de l’appel à projets “Recherche-action”, Clermont Auvergne Métropole encourage l’innovation. En aidant financièrement les lauréats, elle contribue à faire avancer la recherche et participe à l’émergence de solutions utiles aux acteurs sociaux-économiques du territoire. C’est le cas du LIMOS, un laboratoire informatique basé aux Cézeaux qui développe un outil pour aider les personnes malvoyantes.
Traverser sans risque à un carrefour n’a en soit rien de bien compliqué pour le piéton qui a appris, enfant, à se fier à la couleur du petit bonhomme. Mais pour les personnes déficientes visuelles, cela représente un défi. Arnaud Grégoire connaît cette problématique qui génère “une source de stress chez beaucoup de malvoyants”. Au Centre de Rééducation pour Déficients Visuels (CRDV) de Clermont-Ferrand, dont il est le directeur, quatre instructeurs de locomotion accompagnent les aveugles et les malvoyants de l’enfance au grand âge, le temps de séances d’immersion en ville. Ensemble, ils se familiarisent avec les sons de la rue, apprennent à percevoir d’où viennent les voitures, les bus, les passants. “Chacun peut essayer de fermer les yeux à un carrefour. C’est une expérience d’une grande violence.”
Sensible à la question de la déficience visuelle et intéressé depuis plusieurs années par la spatialisation du son, Jean-Marie Favreau, chercheur au LIMOS, a tissé des liens avec le CRDV. Très vite, au cours de ses échanges avec le personnel du centre, la thématique de l’accessibilité à l’espace urbain pour les personnes malvoyantes est devenue centrale. Sur ce sujet bien spécifique, tout restait à inventer. “Nous avons réfléchi à un outil qui soit pertinent pour les personnes qui ont cette crainte d’aller en immersion”, explique Jean-Marie Favreau. “L’idée, était de reproduire l’univers sonore de la rue dans un espace dépourvu d’objets roulants non identifiés. Pour que les malvoyants puissent s’entraîner à la locomotion en toute sécurité”, abonde Arnaud Grégoire. De ce souhait est né le concept de dispositif d’immersion virtuelle s’appuyant uniquement sur la spatialisation du son. Une première !
Après avoir tracé pendant un an et demi les grandes lignes de ce projet, Jean-Marie Favreau en a fait l’an dernier le sujet de stage de Cathy Thomé, une étudiante de Master 2 MIASHS (Mathématique et informatique appliquées aux sciences humaines et sociales). “En cinq mois, elle a réussi à proposer un premier prototype. Grâce au financement de la Métropole*, nous pourrons entre autres l’embaucher dès le mois d’octobre, en tant que jeune ingénieure sur le projet”, se réjouit Jean-Marie Favreau.
“Notre objectif pour les neuf prochains mois, est de consolider ces bases pour avoir à terme un outil qui devienne opérationnel pour les premiers besoins des personnes”, annonce Jean-Marie Favreau. Pour ce faire, Cathy Thomé sera épaulée par le laboratoire informatique et différents acteurs impliqués (une institutrice de locomotion, une psychologue, un musicothérapeute…). Ce futur outil nécessitera peu de choses pour fonctionner (un jeu d’enceintes, un réseau wifi, une tablette et un espace calme) et sera libre d’accès pour les établissements spécialisés. •
Les autres projets qui ont retenu l’attention de la Métropole
Lors de ce troisième appel à projets “Recherche-action”, deux autres candidats ont été récompensés. La société Greencell, en partenariat avec le laboratoire U1107 NeuroDOL de l’Université Clermont Auvergne, a convaincu le jury en proposant “AnaBiotics”, un projet qui vise à développer une nouvelle approche thérapeutique pour soigner les douleurs abdominales chroniques. L’INRAE de Nutrition humaine, le CCAS de la Ville de Clermont-Ferrand, et La Mutualité française Loire/Haute-Loire/Puy-de-Dôme recevront quant à eux un financement pour “RéseauAGE”, un projet de recherche sur la nutrition préventive chez les seniors.